Card Shark (2022)

Card Shark (2022)

Résumé

Une plongée au cœur de la duperie et de la tromperie en pleine Europe du XVIIIe siècle, ou la liste exhaustive des tours de cartes et autres subterfuges employés par le comte de Saint-Germain, tels qu'ils ont été décrits dans "Mémoires Sans Parole".

 

BANDE ANNONCE

 

AVIS D'INTERNAUTES

Amateurs d'honnêteté ou de design futuristes passez votre chemin. Ici tout ne sera que tromperie dans une France pré-révolutionnaire où l'on se forge un destin Barry Lyndonnesque en cachant une carte dans la paume de sa main. Vous incarnez un orphelin qui sera remarqué et débauché par le comte de Saint-Germain, dont la verve compense amplement votre mutisme. Il vous entraîne dans une aventure via d'intrigantes promesses, semblant duper son monde pour faire vaciller un système corrompu et une monarchie qui étouffe le peuple. Il promet que ses intentions sont pures, mais qu'elles nécessitent quelques tours de passe-passe pour exister. C'est ainsi que débute votre apprentissage des arcanes de la triche, sous le tutorat du comte bien habitué à dépouiller la bourgeoisie. Le jeu vous enseignera pas moins de 28 techniques permettant de gagner des parties de cartes. Si parfois, elles se révèlent complexes et demandent un plan bien huilé en plusieurs étapes, elles peuvent aussi être d'une simplicité enfantine. Votre première leçon est d'ailleurs bien simple il suffit d'observer la main d'un joueur adverse en lui versant du vin puis d'indiquer son contenu à votre mentor en frottant la table dans une direction précise. Les débuts sont grisants, le concept original permet de capter l'attention, déjà bien captée par un style visuel absolument magnifique. Nerial est un studio principalement connu pour ses jeux mobile de la série "Reigns". Des jeux de cartes (déjà) au gameplay simplissime mais efficace. Dans Card Shark, on garde les cartes, mais on s'adapte à l'époque des lumières de la plus belle des manières. Chaque plan est un tableau animé aux couleurs chatoyantes et à l'atmosphère presque éthérée. Un plaisir pour les yeux mais aussi un plaisir pour les oreilles, la bande son étant jouée par un orchestre symphonique qui a trouvé le parfait équilibre entre élégance et fourberie. Petit extrait musical https//www.youtube.com/watch?v=hXz2Bz3yWWYLes premières impressions sont excellentes. Le récit se dévoile petit à petit, laissant entrevoir des ramifications plus complexes que prévues. Les techniques de triche s'apprennent avec plaisir et on se laisse bercer par cette atmosphère si réussie. Ce vernis se fissure cependant au fil de la progression. Le rythme "apprentissage d'un tour / exécution de ce tour" fonctionne grâce à l'ingéniosité des manipulations et la concentration qu'elles nous demandent. Mais une petite lassitude peut s'installer à cause de la linéarité du récit. La réelle frustration intervient ailleurs. Il est très agréable d'enchaîner les victoires, mais elles deviennent de plus en plus complexes. Un simple retard d'une demi seconde dans le temps de réaction peut faire totalement échouer une séquence entière, voir conduire à une mort aussi inattendue que punitive. Le jeu se veut pourtant intelligent dans sa manière de gérer l'échec. Il est possible de "duper la mort", littéralement, via une partie de cartes. La première fois la situation fait sourire et permet de relativiser la récente défaite. On repart ensuite directement dans l'histoire, comme si rien ne s'était passé. Mais cette séquence occupe facilement une minute ou deux et agace rapidement, surtout lorsqu'il faut ensuite recommencer une longue partie impliquant plusieurs minutes de manipulations. L'échec est très punitif, et il est très simple d'échouer. Card Shark demande au joueur une mémoire solide et une certaine vitesse d'exécution. Il manque cruellement d'options pour rappeler au joueur les manipulations qu'il doit effectuer, les quelques textes d'aide proposés faisant davantage office de figuration. Il est fortement conseillé de faire le jeu d'une traite ou de le finir dans les jours qui suivent. Reprendre une partie en cours implique de se rappeler de tout, sans possibilité de s'entraîner sur une technique précise à un moment désiré par le joueur. On vient heureusement rapidement à bout de ce jeu édité par Devolver, au bout d'environ 6 ou 7 heures. C'est à la fois un petit soulagement (de peur que les manipulations deviennent interminables) mais aussi une certaine déception. Le récit gagnant en intérêt et complexité de façon assez progressive au début avant de proposer sa conclusion hativement. Il y a un goût d'inachevé, mais il est probablement préférable que l'aventure s'arrête avant que les frustrations ne montent de trop. Un jeu à faire ? Sans aucun doute ! Un jeu parfait ? Certainement pas. Les impressions finales sont mitigées. Des débuts prometteurs et emballants montrent leurs limites. Un récit trop linéaire (et finalement peu révolutionnaire), des options d'ergonomie manquantes, un jeu difficile qui gère mal les situations d'échec. Mais il serait bien dommage de passer à côté de cette proposition originale et rafraîchissante, ne serait-ce que pour son emballage si agréable. Des apparences un peu trompeuses, mais un voyage qui se démarque et ne laisse pas indifférent. Une découverte qui fait plaisir et qui ne demande qu'à être perfectionnée.Card Shark est finalement un jeu qui traite très bien son thème, peut-être un peu trop.