Sniper Elite 5 (2022)

Sniper Elite 5 (2022)

Résumé

De retour dans la franchise primée, Karl Fairburne s’attaque à l’opération Kraken dans la France de 1944. Le jeu de sniper avant-gardiste s’enrichit d’une nouvelle Kill Cam pour une expérience plus esthétique et fonctionnelle que jamais.

 

BANDE ANNONCE

 

AVIS D'INTERNAUTES

Sniper Elite 5 nous invite encore une fois à rentrer dans les bottes de Karl Fairbune, sniper émérite venu affaiblir les forces allemandes avant le débarquement, et mettre accessoirement en échec un énième plan nazi pour renverser le cours d'une guerre dont l'issue aurait peut être été différente si Hitler avaient alloué le budget à l'armée conventionnelle plutôt qu'aux combines grand-guignolesques de tous les généraux du troisième Reich. Reparti comme en 40Vous replongeant dans la période la plus populaire des shooters des années 2000, Sniper Elite 5 propose 8 missions conséquentes vous laissant le loisir d'accomplir vos objectifs dans l'ordre et la manière de votre choix, sans avoir à être interrompu par une cinématique. C'est pas une critique, mais une précision le titre mise sur son système de jeu avant tout le reste, et le joueur dicte le rythme bien plus que les séquences scriptées ou le scénario, format en grosses missions ouvertes oblige. Après, un jeu qui s'appelle "Sniper Elite", ça pue pas l'ambition narrative non plus, absente de cette opus comme de tous les autres. Y a bien des cinématiques entre chaque mission pour donner un peu de contexte et vous sortir quelques tropes du film de bidasses, mais pas grand chose de plus, même pour son héros dont le principal trait de personnalité depuis 5 jeux est de pas aimer les nazis, ce qui est appréciable mais pas franchement suffisant. Je sais qu'on est pas trop là pour ça, mais quitte à nous mettre une histoire, autant engager un scénariste (là même le super plan secret des nazis est d'une flemme intersidérale), d'autant qu'il est tout à fait possible de faire quelque chose d'intéressant sous ce format et sur cette période. Heureusement, la fibre artistique n'a pas complètement abandonné Rebellion qui offre quelques musiques réussies (le reste est adéquat sans être remarquable) est surtout de chouettes environnements donnant un vrai cachet à chaque mission et permettant quelques panoramas bien inspirés (par contre le niveau de détails reste assez limité dans pas mal d'endroits). Vise le cœur, Ramon. Ou la tête. Ou autre chose. Mais comme dit plus haut, le plus important, ça reste les mille tourments que vous pourrez infliger à l'opposition fasciste en fonction de votre humeur. Il a été reproché au titre d'être très proche de Sniper Elite 4, ce qui est plutôt vrai il y a des ajouts, mais la plupart des changements se révèlent en général mineurs. La plupart sont pertinents, comme des alarmes remaniées, un feeling des armes bien mieux fichu, des mouvements plus fluides (mais pas parfaits), un système d'informations pas bien subtil mais récompensant l'exploration, ou des patrouilles en véhicules plus nombreuses et mieux gérées rendant les maps un brin plus vivantes. Vous aurez aussi désormais l'option non létale, qui vous permettra de finir une mission sans avoir le bodycount de Rambo après des vacances au Vietnam, même si j'aurais préféré une arme dédiée à l'approche pacifique plutôt que des balles "en bois" assommantes pour tous vos flingues, pas bien crédibles, et surtout à l'intérêt ludique limité, puisqu'elles se comportent comme toutes les autres munitions. Le plus gros changement vient au final du level design. Alors que le 4 poussait à visiter la map de fond en comble pour accomplir tous les objectifs, SE5 préfère mettre l'emphase sur les embranchements dans la manière d'accomplir la mission, avec des chemins très distincts pour aller jusqu'à l'objectif et différentes manières de les accomplir (ce qui était déjà le cas avant mais dans une moindre mesure), histoire de permettre un peu de rejouabilité et vous inciter à chercher des renseignements permettant de nouvelles possibilités. Le résultat fonctionne plutôt bien malgré quelques bizarreries, comme l'impossibilité de faire péter les trucs importants avec autre chose qu'une charge explosive, même avec de quoi envoyer le Mont Saint-Michel en orbite dans votre inventaire. On reste quand même au final proche de SE4, attendez vous donc à de l'infiltration pas hyper complexe mais plutôt bien fichue, des pièges à poser partout, des ennemis efficaces mais pas bien finauds et des nids de sniper pour fumer du gonze à 500 mètres (le jeu se débrouille d'ailleurs bien mieux pour vous donner un nombre suffisant d'infos quand on supprime l'aide à la visée). Pas révolutionnaire pour un sous ni même innovant, mais bien rôdé et efficace. Alors certes, le jeu profite un peu du manque de concurrence dans le genre (à part les jeux ubi, mais évitons de parler des choses qui fâchent), mais les mécaniques fonctionnent, les maps sont réussies, les nazis explosent sous rayon X et tout va comme sur des roulettes. Enfin, quand personne déboule dans votre partie.KonzentrationLa nouvelle feature la plus notable de Sniper Elite 5 se trouve dans sa mécanique d'invasion. Si vous le permettez, un joueur adverse pourra venir visiter votre partie sous la forme d'un sniper de l'Axe aux capacités relativement similaires à celle de Karl. La balance penche en général en faveur de ce dernier, qui a tous les soldats de la map à ses côtés. Si les affrontements peuvent un peu traîner à démarrer, le mode peut vraiment être excellent. Puisque les deux joueurs peuvent crever d'une balle perdue dans le pied, tout se joue sur la dissimulation. Bon ça veut dire que le duel peut tourner court très vite si un des joueurs a de la chance, mais on a souvent droit à de vrais moments de tensions, où l'on essaie de piéger l'adversaire à travers diversions, contournements et demandes d'infos sur la position adverse grâce aux téléphone disséminés sur la carte, tout en faisant tout pour éviter de révéler sa position. Des éléments sans conséquences dans le solo prennent une nouvelle importance, comme le reflet de la lunette, les empreintes de pas sur certaines surfaces ou même le bruit d'un changement d'arme. L'équilibrage n'est pas parfait, ça peut devenir très compliqué en fin de jeu, surtout dans les modes de difficulté supérieurs, mais ça reste un chouette mode et une très bonne implémentation du concept, qui ne pénalise pas vraiment le joueur envahi, puisque les sauvegardes restent complètement libres (par contre j'étais un peu constamment envahi au bout d'un moment). Vous aurez aussi droit à des modes plus classiques, comme un mode survie ou un multi compétitif très classique, les mécaniques de sniping en plus, un mode qui fait encore une fois assez anachronique dans la production actuelle, qui a généralement abandonné ce genre de multi secondaire dans les jeux solo. "Dis Jean-Mi, un nazi, ça vole ?"Sniper Elite 5, comme pas mal de jeux développé pendant la pandémie d'ailleurs, manque un peu de polish. Déjà, on peut regretter l'absence d'une version française, pourtant présente dans les précédents épisodes. C'est toujours un peu triste, mais ça nous permet d'apprécier des gens parler anglais avec des accents français à couper au couteau, et c'est déjà pas si mal. On constate aussi la disparition des défis à remplir sur chaque carte (même si certains succès compensent un peu). Mais là où le manque de finition se voit le plus, c'est au niveau des murs invisibles et des limites de maps. Bien que Karl soit plus agile que jamais, il sera obligé de renoncer face à un bout de buisson qui bloque le chemin au milieu de la map. Aussi, s'il est possible de se suspendre à pas mal de rebords, certains d'entre eux, malgré un aspect tout à fait similaire aux autres, sont imperméables à toute acrobatie. C'est pas non plus rédhibitoire, mais c'est un peu gênant. Ces obstacles ne sont pas étrangers à la série, mais ils étaient mieux intégrés auparavant. Le moteur a également un peu de mal avec les interactions avec l'environnement il n’est pas rare de voir Karl rester planté pendant une ou deux secondes avant d'effectuer l'action demandée (comme ouvrir un coffre, etc). J'ai aussi eu l'occasion de voir quelques bugs, comme des corps planqués qui se téléportent en dehors de leur malle et finissent dans les airs, mais rien de bien gênant. Enfin, je trouve l'interface aussi propre que terriblement fade (bon c'est pas super important, mais quand même, on dirait l'apple store). Autre défaut pas lié au jeu, c'est la politique de DLC, qui demande une précommande ou de passer à la caisse pour avoir le privilège de tuer Hitler de toutes les manières que le jeu puisse proposer. Alors oui, je trouve ça un peu crade. Oui, c'est trop salé et oui, toutes et tous devraient avoir la possibilité de malmener un modèle 3D à l’effigie du plus grand salopard de l'Histoire. Mais j'ai du mal à être en colère. Parce que voir un élan capitaliste faire d'Hilter une Pinata d'organes que vous pourrez exploser pour quelques deniers supplémentaires, ça me fera toujours sourire. Sans rien trop bousculer, Sniper Elite 5 propose une expérience toujours aussi solide, où quelques trouvailles, le mode invasion en tête, viennent justifier son statut de suite. Mais les systèmes comme le moteur montrent leur âge, les failles sont plus que jamais visibles et la série aura intérêt à se renouveler, quitte à s'éloigner des fronts de la Seconde Guerre Mondiale, si Rebellion ne veut pas voir l’ami Karl définitivement rattrapé par les années.